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6 Agungjean-jacques Lemêtre
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et le cabinet

de curiosités musicales

de Jean-Jacques Lemêtre 

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L'instrumentarium
est un cabinet de curiosité musicale
et visuelle.

la construction des instruments vient de la scène : c'est-à-dire des besoins que j'ai ou j'avais pour accompagner les scènes ou les personnages évidemment chaque instrument construit a son histoire, par exemple j'ai refait des instruments d'après les sculptures des temples d'Angkor Vat, ce sont des instruments que même les khmers ne connaissent plus du tout (ex: une harpe) ,nous avons fait reconstruire les deux grands tambour (Skor thom) que nous n'arrivions pas à trouver et nous leur avons multiplié la grandeur par 4, d'autre part ce qu'il manque très souvent dans ces musiques ce sont les basses ,puisqu'il n'y a pas vraiment de pensée harmonique, donc nous avons fait des instruments basses :

Sculpteur serbe pour les Skor Thom:

 Radivoje Knezcevic dit KNEZ

ex : les Roneat (Xylophone en bambou)

il y avait également ma recherche de sons pour toutes les scènes dans les camps ou pour les scènes en Chine. pour les scènes de guerre : nous avons fait construire le percuphone (immense vièle à roue en aluminium avec des roues binaires, ternaires et quinténaires) qui nous donnait tous les sons de la guerre (B 52, bombes, mines, tirs d'artillerie, hélicoptères, armes automatiques ,etc...).

Je commence toujours mon travail par le retour aux sources, à l'essence de leur histoire musicale et autre, et je me suis aperçu que quasiment toute la musique cambodgienne était à 4 temps et j'ai analysé leurs structures afin d'en prendre l'essentiel dans le spectacle je n'avais que 8 vrai instruments cambodgien sur les 250 que nous avions en scène, car d'abord les kmers rouges avaient tout détruit et c'était à l'époque très difficile d'en trouver et en même temps comme je travaille sur la transposition et sur le décalage je n'avais pas envie d'avoir beaucoup d'instrument de ce pays de façon à ne pas être réaliste ou traditionnelle ou folklorique ( c'est toujours le danger).

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Photo: Rémi Chapeaublanc 

La musique était "destinale" donc poétique, ce qui n'empêche pas que quasiment tous les cambodgiens ayant vu les spectacles pensaient que j'étais de la région et que j'étais spécialiste des musiques de ce pays, tout juste s'ils ne me parlaient pas en Khmer.

quand nous inventons un instrument il est vrai qu'il y a une part de mystère mais pas si grande que cela donc nous quand même une réelle notion de ce que nous cherchons et voulons, le choix des bois, le choix des cordes, l'accord général ,et le souci esthétique de l'espace dans lequel nous allons jouer :nous étions 2 musiciens et une actrice qui jouait dans la première scène (l'introduction) avec nous.

Atelier de Marcel Ladurelle, un des luthier de Jean-jacques Lemêtre, photos: Gerald de VIVIES

Nous cherchons ce dont nous avons besoin comme timbre,sans se soucier des autres instruments, la forme n'intervient pas sur le son de l'instrument.

évidemment nous ne cherchons que la vérité et la justesse des scènes donc la musique de ces scènes sans arrière pensée de quoique ce soit : l'imitation ne nous passionne pas vraiment; l'esthétique insolite dont vous parlé n'est que votre sentiment, au milieu de notre espace musicale rien ne paraissait insolite mais normal et concret l'instrumentarium était normal, pas incongru pour le public qui a l'entr'acte venait voir les instruments de très prêt, et j'ai même entendu des gens dirent devant moi qu'ils ne pouvait pas me parler car je ne devais certainement pas comprendre le français, ils existe au monde 46000 instruments de musique, actuellement j'en ai 2800 donc je suis "minimaliste" encore ah!ah!ah!, ce qui fait que les gens pensaient que c'était des instruments d'ailleurs (pas des inventions) de l'Extrême Orient et que par conséquent ils ne les connaissaient pas, y compris les cambodgiens, l'histoire était terrible comme le disait le titre de la pièce et ces personnes du pays étaient trop envahies par l'émotions pour se poser ce genre de questions.

la musique a été comme toujours improvisée au cours des répétitions mais ensuite elle devient fixe car mon travail est de trouver les "charnières" c'est-à-dire les changements dans le texte et dans le jeu : changement d'état, de lieu, d'émotions, de temps, d'espace etc... donc à chaque charnière il y avait un changement de timbre ( d'instrument) et mon assistante me passait les instruments les uns après les autres donc l'improvisation n'était que dans le nombre de notes que je jouait suivant la vitesse de jeu de chaque acteurs qui est différente chaque jour.


                                                                                                                   Extrait d'un entretien sur "la musique de L'histoire terrible" par Marie Basuyaux.

le musicien doit être constamment " au Présent" et concret dans ses propositions : c'est-à-dire se laisser guider, regarder, écouter, se laisser imprégner de la sueur et des larmes des comédiens, savoir goûter et déguster chaque mot dit et joué, recevoir par les oreilles et les yeux mais également par les pores de la peau, faire remonter à la surface son enfance et l'enfance en tant qu'émerveillement, découvertes, l'habituel et l'inhabituel (  des situations et des actions), ses rêves et ses ressentiments, etc...

Observations : c’est une très belle trame, exhaustive, et elle tisse les interactions successives aussi bien que synchrones. Mais elle reste pour chaque rubrique, à « mettre en musique » par le développement des sensations correspondant à ces principes.

Quel est le processus d'élaboration musicale ?

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Photo: Michel Marcu

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               folle

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Concept: JJ Lemêtre

Fabrication: Caroline Lee

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Extrait du Livre sur :

Arthur H. de Didier Bizet

Je suis un paragraphe. Cliquez ici pour ajouter votre propre texte et me modifier. C'est facile.

Réalisé par

Thibault Saladin

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Il y aurait environ 46000 instruments

de répertoriés

dans le monde.

Photo: Stefano Fogato

Un grand merci à tout ceux qui m'ont aidé

et avec qui j'ai travaillé comme luthier et facteur instrumental :

Marcel LADURELLE (Luthier Indépendant, revendiquant la Lutherie Sauvage) - Caroline LEE (à la Technique au Théâtre du Soleil ; spécialiste métal et Forge) - Paul Besson (ancienne acteur du Soleil, réparation de tous les Harmoniums Européens et Indiens) - Philippe du Pasquier (dit Philon) Osthéopathe (a construit des instruments à cordes frottées - Claude FORGET ( le menuisier du Théâtre du Soleil - Selattin. Oter (cuisinier du Théâtre du Soleil) - José Vasconcelos (à la Technique au Théâtre du Soleil, m'a construit d'énormes tambours en métal) - Mario CHIAPUZZO (acteur du Théâtre du Soleil a fait des instruments à cordes frottées et orientaux) - Jean-Phillippe MINCHIN (spécialiste des Idiophones) - Jeff BARBE (spécialiste des Flûtes) - Des acteurs/trices du Théâtre du Soleil qui venaient me donner un coup de mains - mon père : Julien LEMÊTRE (a fait toutes les Nagaras tambours d'éléphants pour les Shakespeare) - les musiciens , musiciennes, et assistantes qui ont joué avec moi :Claude Ninat, Véronique Gargiulo, Myriam Azencot, Catherine Brisset,

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Quel est le processus d'élaboration musicale ?

 

Je propose pour répondre à cette question de prendre en exemple une journée de répétition au Théâtre du Soleil :

celle-ci commence toujours (après la réunion de l'ensemble de la compagnie chaque matin) par des travaux d'échauffement physique et vocal. Elle se poursuit par un " CONCOCTAGE"  c'est-à-dire de petits meetings entre les Acteurs/trices où une personne propose des visions ( parfois des" visionnettes") à propos d'une scène ou d'une improvisation.

 

Pour le côté musique : je pense qu'au départ il faut se donner quelques "lois" de travail comme :

 

1° : « se laisser faire »

2° : oublier une bonne partie de son acquis musical personnel

3° : Écouter/entendre/ouïr/recevoir/proposer/donner

4° : faire entièrement cohésion avec la " triangulaire" de la création : Scène/metteur en scène /musique

5° : se donner des mots simples et connus ou des phrases à concrétiser : rendre palpable : l'impalpable, musicaliser l'"ouragan de la vie", travailler dur etc...

6° : "musicaliser" l'ensemble des mots importants qui sont dans cet article.

 

Je dois quand même préciser :

 

1°  que je possède un " parc instrumental" de 2800 instruments de toutes sortes et de toutes les familles que j'ai à proximité de la salle de répétition et que

je suis à la fois : compositeur/interprète/luthier

2°  que je suis la première personne informée du nouveau projet à construire, et donc par conséquent je suis sur place au labeur dès le tout début du travail de répétition; je peux suivre ainsi tout le processus de création et toute son évolution, car chez nous : au théâtre du Soleil il n'y a pas de distribution d'avance, tout se fait et se concrétise sur le "plateau"; ce qui permet à un personnage d'être mis entre les mains, la voix , le corps et l'imaginaire de tous les acteurs ( féminins et masculins) désireux de tenter leur chance sur le ou les rôles ; et  donc d'avoir plus de richesse, de profondeur, de connaissances et de facettes multiples , puisque chaque " actant" ajoute sa petite " graine" et cela toujours en musique car personne n’entre sur scène sans celle-ci.

Pourquoi « se laisser faire » :

 

Le musicien doit être constamment " au Présent" et concret dans ses propositions : c'est-à-dire se laisser guider, regarder, écouter, se laisser imprégner de la sueur et des larmes des comédiens, savoir goûter et déguster chaque mot dit et joué, recevoir par les oreilles et les yeux mais également par les pores de la peau, faire remonter à la surface son enfance et l'enfance en tant qu'émerveillement, découvertes, l'habituel et l'inhabituel (  des situations et des actions), ses rêves et ses ressentiments, etc...

 

Se laisser faire pour que la musique évoque… comme un deuxième poumon qui doit fonctionner avec le premier :

le théâtre.

 

L'oubli :

 

Tout d'abord oublier le nostalgique, le quotidien, le naturalisme, le psychologique, puis sa virtuosité instrumentale, (au théâtre , sur scène il n'y a qu'un soliste à la fois) oublier ses facilités musicales, ses connaissances de la technique musicale. On peut tout à fait parler avec les acteurs et le metteur en scène sans utiliser de vocabulaire ou de grammaire musicale, tout ceci reviendra en temps voulu et nécessaire; laisser venir et revenir ses expériences pour être totalement au service du théâtre avant d'être au service de la musique tout en gardant de sa spontanéité , de son instinct et en n'analysant rien du tout, l'émotion perd de spontanéité sincère à être analysée pour l'écrire tout de suite, garder de la fantaisie, de la franchise, de la fraîcheur et de la liberté; laisser ouvert l'imagination et l'imaginaire: contentez-vous d'être encore un apprenti (certes de haut niveau mais un artisan-apprenti) il ne suffit pas de faire ce qui vous est possible mais de rendre possible ce qui vous est nécessaire pour créer.

Oublier le formel, par contre il existe de mots essentiels à toute création: être au "présent" : c'est-à-dire faire partie intégrante du moment en sachant recevoir toutes les informations données par les comédiens sur scène et par le metteur en scène; il faut recevoir d'un coup : les sons et les images en provenance du "plateau", recevoir" l'intérieur" des personnages, leur sincérité, leur vérité, leurs doutes, etc...

entendre et écouter les voix et leur musicalité afin d'entendre le texte joué, pour être « au pied de la lettre"; l'écoute se travaille, se discute, s'entend: l'acteur est le musicien des mots.

La voix parlée fait des notes avec une hauteur très précise, pour moi il n'y a pas de frontière entre le chanter et le parler, c'est  la même famille: le musicien doit pouvoir entendre le parler comme du chanter écrit sur une partition et donc accorder ses instruments sur le "mode" ou la gamme de chaque comédien dans son ou ses rôles.

Il doit ouïr au plus profond du personnages : le bouleversement, les sentiments, les émotions inconnues, ses complexités, ses questionnements, ses curiosités, son vécu, son destin, son au-delà de l'humanité, ses rêves, ses désirs passionnés, ses déchirures, ses interrogations, ses contradictions etc... tout ces mots sont à mettre en musique

 

l'échange triangulaire :

 

Une des grandes conditions pour la mise en œuvre d'un projet ou d'une création au théâtre est le véritable échange triangulaire entre le plateau ( les acteurs/trices) le/la metteur en scène et le compositeur et la musique, je dis compositeur car c'est l'équivalent du metteur en scène ( pas le musicien)

pour accomplir ce travail et avoir un imaginaire commun: il faut être libre, empli de courage et de générosité, cette triangulaire doit-être une vraie rencontre, un véritable échange afin de laisser place à l'improvisation, à l'invention, aux propositions constructives sincères et concrètes, à l'envie réelle de se mettre "au service du théâtre "

les lois que l'on se donne ne sont pas immuables mais comme la plupart des lois "transgressables" ( mais à bon escient et à bonne mesure) , par exemple le musicien ne doit pas donner de "tempi obligés" de la musique, pas de carcan avec les barres de mesures, mais suivre l'action et les acteurs/trices en cherchant la musique des corps ( le corps est un clavier musical) la musique est toujours en mouvement: chaque jour ou soir est différent pour chaque comédien, il faut les suivre et être leur "tapis volant" c'est-à-dire leur fondamentale (musicalement bien sûr).

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Photo: Michel Marcu

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Part.1

Part. 2

Part. 3

A M A Z I N G H U M A N B E I N G S

Projet qui a vu le jour en Janvier 2018. - Création : Clémence Fougea - Réalisation : Jeco Largo

Visite

                         de l'atelier
         de Jean-jacques Lemêtre

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"Tout est musique: un tableau, un paysage, un livre, un voyage, ne valent que si on entend leur musique."

Jacques de Bourbon Busset

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